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Adieu mon Royaume, entre chroniques fantastiques et fable médiévale

Couverture d'Adieu mon Royaume, ©Marcel Shorjian
Couverture d'Adieu mon Royaume, ©Marcel Shorjian

Septembre marque aussi bien la rentrée scolaire que la rentrée littéraire. Et cette année, le mois s’annonce à merveille avec la sortie le 13 septembre de Adieu mon Royaume. En publiant ce deuxième ouvrage chez 6 Pieds sous Terre, Marcel Shorjian, auteur de la bande dessinée saphique Lucie sous la Lune (retrouve l'article ici), confirme un début de carrière flamboyant. 


Récit enchâssé par excellence, Adieu mon Royaume se conçoit comme une série de parenthèses fabuleuses au sein d’une plus vaste parenthèse narrative. Cette grande parenthèse narrative se présente sous les traits d’une femme aux traits anguleux que sa longue errance ramène dans le royaume qui l’a vue naître. Cette vagabonde à l’allure revêche est notre porte d’entrée vers ce fameux royaume sans nom où se côtoient mysticisme, sorcellerie, intrigues de cours et sombres romances.


Extrait d'Adieu mon Royaume, ©Marcel Shorjian
Extrait d'Adieu mon Royaume, ©Marcel Shorjian

Dans ce nouveau roman graphique, Marcel Shorjian joue à nouveau avec les cartes de tarot qui avaient jalonné la lecture de Lucie sous la Lune. Chaque chapitre du récit adopte le point de vue d’un de ces archétypes mystérieux. Privé.es de noms, les personnages comme «la vagabonde», «le fou», «la bête», «la sorcière» et d’autres, dévoilent peu à peu leurs secrets dans des tranches de vie envoûtantes voire obsédantes. 


Pour illustrer ses chroniques dans un décor rappelant le haut Moyen Âge, Marcel Shorjian a fait le choix, à l’instar de Sophie Leullier pour Ce que les corbeaux nous laissent (article à lire ici), de s’inspirer de l’esthétique du grimoire et des manuscrits de moines copieurs. Se prêtant à un travail d’enlumineur, l’auteur et dessinateur redouble de minutie, aplanissement des perspectives et découpages en vitrail de ses pages pour accentuer la cohérence de son univers. Une mise en scène savamment exécutée qui accentue la théatralité et l'aspect légendaire du récit qui se déroule tel un parchemin.


Autre particularisme de l’ouvrage, chaque chapitre — et par conséquent chaque point de vue — est caractérisé par une palette monochrome différente. Un jeu sur les couleurs audacieux, accompagné d’un style hachuré rappelant la gravure qui renforce l’impression d'images d’Épinal qui se dégage de la bande dessinée. 


Extrait d'Adieu mon Royaume,©Marcel Shorjian
Extrait d'Adieu mon Royaume,©Marcel Shorjian

Par goût personnel pour l'esthétique médiéviste, la beauté de chaque histoire et la chute magistrale en cloture, je décerne ma mention coup de coeur à ce superbe roman graphique. De la minutie des détails, la beauté des vêtements, l'expressivité des visages à la délicatesse de la prose, tout était fait pour me plaire et me subjuguer dans cette lecture.


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