Milla Jovovich en apparition lunaire, Jeremy Davis en retardé mental poète, Mel Gibsons en inspecteur du FBI plein de verve et une bande son signée Bono (chanteur de U2). Ça vous met l’eau à la bouche ? Dans ce cas, je vous conseille de ne pas passer à côté de The Million Dollar Hotel de Wim Wenders.
Affiche italienne du film (que je trouve plus esthétique que l'américaine)
Le célèbre réalisateur des Ailes du désir et de Paris, Texas revient d’ailleurs au cinéma ce mercredi avec Perfect Days que je vais m’empresser d’aller regarder. D’ici là, je vous propose un retour en l’an 2000 dans l’hôtel décrépis qui donne son nom au film. Au Million Dollar Hotel, les murs suintent, les canalisations fuient et les couloirs sont hantés par une étrange population. En digne critique du système de santé défaillant des États-Unis, cet hôtel en ruine de Los Angeles accueille tous les rebuts de la société, tous les désaxés, les mentalement perturbés et les personnes queer du quartier.
Au sein de cette espèce de cour des miracles moderne, l’inspecteur Skinner (Mel Gibson) débarque un jour pour tenter de faire la lumière sur le meurtre présumé d’un des locataires, Izzy Goldkiss. Engagé par le père de la victime, qui n’est autre qu’un influent magnat de la presse, l’obsessionnel agent du FBI ne va cesser d’aller de déconvenues en déconvenues hilarantes en tentant de se confronter aux occupants moins fous qu’il n’y paraît de l’hôtel. Ce bras de fer grotesque entre la raideur de l’enquêteur et les plans farcesques des habitants permet au réalisateur de nous livrer en creux une réflexion éminemment politique et poétique sur le rapport à la vie, à la mort, à l’art et à la justice.
Couverture de l'album dédié au film avec des chansons originales de Bono
La mise en scène hautement théâtrale, menée à la baguette par la narration attendrissante de Tom Tom (Jeremy Davis), nous livre le témoignage émouvant d’une histoire d’amour improbable entre deux anges déchus de Los Angeles. Héloïse (Milla Jovovich), qui marche pieds nus dans la fange des rues pour aller chercher des livres et Tom Tom (Jeremy Davis) dont la naïveté autistique est empreinte de douceur, forment un duo des plus extravagants qui m’aura sincèrement émue aux larmes. La caméra de Wim Wenders nous offre sans concession, un univers à la fois déchirant et drôlatique où les fous dansent au bal, se prétendent membres des Beatles ou chef Navajo et tentent de faire du trafic d’art pour sauver l’hôtel en décrépitude. The Million Dollar Hotel est la ballade d’une courtoisie quasi-moyenâgeuse nous contant les faits acadabrantesques d’une équipe de bras-cassés ravagés du ciboulot.
Un film à voir absolument et à revoir en toute occasion, pour s’offrir le temps de deux heures les somptueuses images au cadrage impeccable et les dialogues acérés que Mr Wenders nous livre dans un maelstrom d’impressions contradictoires.
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