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Photo du rédacteurHerenui

Beau is afraid... and so will you !

Je vais faire comme si le visage effrayé de Joaquin Phoenix en tête d’affiche n’avait pas suffit à vous convaincre d’aller voir Beau is afraid et vous adresser ces quelques mots admiratifs pour vous encourager à vous rendre dans les salles obscures pour le voir. Ari Aster, réalisateur des génialissimes Midsommar et Hereditary, maître de l’angoisse, de la terreur et de l’absurde nous livre dans ce film un nouveau récit de vie qui coche toutes les cases du film psychologique d’exception. Dans la directe lignée d’un Terry Gilliam déjanté et d’un David Lynch obsessionnel, Ari Aster subjugue son publique avec un récit de vie déséquilibré comme vous n’en aurez jamais vu au cinéma et pousse le malaise jusqu’à la nausée dans ce drame mère-fils horrifique.

Attention âmes sensibles, s’abstenir ! La paranoïa acide de Beau (Joaquin Phoenix) contamine dès les premiers instants le film, de sorte à mieux dégager le chemin vers une plongée dans un abysse freudien aux multiples possibilités d’interprétation psychanalytique. Un conseil : faites bien attention à chaque petit détail, chaque incongruité, car elles vous reviendront discrètement à la figure par la suite. L’enfant qui joue innocemment avec son bateau au début du film avant de se faire gronder par sa mère qui renverse l'embarcation vous donne un premier aperçu du dénouement final du film. Ces récurrences de baignoires qui débordent, ce retour constant à l’élément de l’eau qui ne cesse d’engloutir tout sur son passage dans divers épisodes du film, cette peur constante du monde extérieur, cette hyperviolence poussée au ridicule des rapports sociaux… Rien, rien n’est laissé au hasard. Les indices se multiplient en même temps que les questions, donnant au/à la specteur.ice attentif.ve l’impression de se trouver dans un jeu de piste labyrinthique. Aux admirateur.ices de Seven, de Shutter Island, de Twelve monkeys, vous trouverez forcément votre bonheur dans cette délectable descente aux enfers.

Affiche officielle de Beau is afraid par Ari Aster


Pour vous faire part de mon goût personnel, je dois confesser une faiblesse toute particulière pour la fameuse scène du théâtre dans les bois qui, je l’espère, vous ravira autant que moi. Filmée de biais pour commencer, de sorte à ce que le spectateur soit forcé d’apercevoir les coulisses et reliefs artificiels des décors en carton, la caméra nous projette ensuite dans un monde de carton-pâte et de papier mâché qui a tout du Magicien d’Oz. L’aspect de conte glauque est renforcé par le fait que Beau est en soit un enfant de dix ans enfermé dans un corps d’homme dans la cinquantaine. Vierge de tout, cet enfant qui n’a pas su grandir mais seulement vieillir se retrouve confronté à son propre récit de vie encore embrouillé par une triple mise en abîme vertigineuse. Lae spectateur.ice n’est alors maintenu à flot (de même que Beau) que par la grâce d’une poésie tout enfantine. Les décors en carton, l’usage de stop motion et d’animation confèrent à la scène une ambiance profondément troublante, à la limite du naïf et de la noirceur, qui m’a personnellement émue.


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