Ce 6 septembre, l’illustratrice de la série Miss Agatha, Sophie Leullier, publie chez Dupuis sa première bande-dessinée originale : Ce que les corbeaux nous laissent. Un ouvrage qui rompt avec l’univers enfantin avec lequel elle s’est fait connaître. On retrouve certes les couleurs vives qui sont l’apanage de son style, mais le scénario est quant à lui bien plus sombre que les récits qu’elle avait pu illustrer auparavant. Face à ces nouveautés, l’autrice guide les lecteur.ices en proposant d’entrée de jeu une playlist pour établir l’ambiance mystique de l’ouvrage. C’est donc les accents tour à tour mélancoliques, combatifs ou enchanteurs des chansons de Hozier, Aurora ou Florence + the Machine qui vous accompagneront au cours de cette obsédante lecture.
Centrée autour du deuil d’un fils, d’un frère, l’histoire suit le cheminement de la sorcière et guérisseuse Galswinthe et de son fils cadet Tarik après la mort tragique de l'aîné, Adalrik. Assassiné pour d’obscures raisons, Adalrik demeure sur terre sous une forme fantomatique qui emprunte au draugr de la mythologie nordique (moins glauque que la version de Skyrim ceci dit). Afin de le libérer de son errance, sa mère se plonge dans la lecture d’anciens grimoires tandis que Tarik se laisse ronger par la culpabilité, le désir de vengeance et le désespoir. La mésentente enfle et finit par prendre des proportions inquiétantes alors que le terrible passé de la farouche Galswinthe revient la hanter.
Ce drame familial se pare de superbes couleurs dont la palette évolue avec les saisons et les humeurs des personnages. La forme de la bande dessinée met par ailleurs à l’honneur les symboles, runes, motifs et glyphes celtes qui s’invitent dans le récit et se superposent parfois à lui. Les amateur.ices d’enluminures y trouveront un peu de la beauté du célèbre manuscrit de Kells (qui a inspiré l’ingéniosité et la minutie visuelle du film d’animation Brendan et le Secret de Kells).
Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement Ce que les corbeaux nous laissent, un récit poétique et réconciliateur, avec un soupçon de fantastique, et qui fait la part belle à l’esthétique celte et nordique.
Comments