Jusqu'au 18 septembre
Après m’être rendue au musée de la Vie Romantique, je n’ai pas pu résister à l’attrait d’une affiche de métro ornée d’une superbe photographie à l’argentique figurant un hippocampe. L’appât de cette belle publicité m’a menée jusqu’à l’exposition Jean Painlevé, les pieds dans l’eau qui se déroule au musée du Jeu de Paume. Vous avez encore jusqu’au 18 septembre pour vous y rendre et je pense que les amateurs de photographie, de surréalisme et de cinéma feraient bien de ne pas la rater. Je m’adresse également à celleux qui sont attiré.e.s par la population des fonds marins et qui trouveront leur bonheur parmi les documentaires du cinéaste.
En effet, l’exposition met en valeur le travail de documentariste de Jean Painlevé qui, passionné de faune sous-marine, passa sa vie à réaliser de sublimes documentaires scientifiques. La précision microscopique de ses tournages permet de discerner dans toute leur splendeur des animaux qui échappent à notre regard ou que nous dédaignons de regarder avec attention. Ainsi, vous trouverez parmi les premiers documentaires de Painlevé des films à l’argentique vous expliquant tout ce qu’il y a à savoir sur les ventricules de crevette ou la parade nuptiale du crabe. A celleux que l’aspect scientifique du documentaire pourrait rebuter ou ennuyer, je répliquerais que la beauté des images se suffit en elle-même. Le grain de la caméra a de quoi captiver les spectateurs et si ce n’est pas suffisant, la poésie de ces images aquatiques, suspendues dans un apesanteur onirique, achèvera de convaincre les moins cinéphiles d’entre vous. Les photos quant à elles sont tirées en grands ou petits formats le long d’un mur à la façon d’un étrange puzzle de microbiotes et de nageoires. Elles sont accompagnées de données biographiques et de coupures de journaux, de photos, de lettres en rapport avec Jean Painlevé et sa femme Geneviève Hamon. Couple uni par cette passion océanique, ils ont ensemble lancé une marque de bijoux et accessoires sur les thèmes de la crevette, de l’hippocampe et du homard. Enfin, grand ami de Jean Vigo, de Fernand Léger, Alexandre Calder et Man Ray, l’esthétique de Jean Painlevé flirte avec celle du surréalisme, ce qui se remarque principalement dans son documentaire Acéra ou Le bal des sorcières mais également dans la réalisation du court métrage La quatrième dimension à ne pas confondre avec la série télévisée The Twilight Zone.
Extrêmement pointu dans son domaine de prédilection, Jean Painlevé fit également partie de la Résistance en s’engageant dans la lutte antifasciste. Considéré comme le père du cinéma scientifique et membre fondateur de l’Institut de cinématographie scientifique, Jean Painlevé a su m’émerveiller et me captiver de sorte que les videurs du musée ont dû me traîner gentiment hors de cette exposition où le temps s’abolit et l’océan nous engloutit. De fait, le seul bémol de cette exposition réside dans la longueur des extraits filmiques qui s’enchaînent à n’en plus finir, si bien que je n’ai pas pu tous les regarder. Encore heureux, ses reportages sont accessibles sur youtube et je ne peux que recommander d’y jeter un œil !
NB : Toutes les photographies d’œuvres proviennent de la collection en cours
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