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  • Photo du rédacteurHerenui

La Chimère d'Alice Rohrwacher, pépite du de la 46° édition du Festival du film italien

Dernière mise à jour : 17 mai

Au cours de mes vacances automnales, je me suis rendue comme chaque année au Festival du film italien qui se tient à Villerupt, petit patelin jouxtant le mien. Sans payer de mine, ce festival qui se déroule dans une petite ville de campagne peut pourtant fièrement revendiquer son statut à l'international. Ce superbe projet est né en 1976 sous l’impulsion de quelques irréductibles cinéphiles villeruptien. Villerupt, à l’instar du bassin sidérurgique lorrain, était alors le lieu de résidence d’une énorme population d’immigrés italiens. L'engouement a été au rendez-vous, et pour preuve, le phénomène en est cette année à sa 46ème édition !


Affiche officielle du film


Au cours du festival, j’ai pu visionner trois films parmi les 70 diffusés jusqu’au 12 novembre. Rossosperanza d’Annarita Zambrano, Stranizza d’amuri de Beppe Fiorello et La Chimère d’Alice Rohrwacher. C’est sur ce dernier film que je souhaiterais m’apesantir tant la séance m’a plongée dans un état quasiment méditatif. L’intrigue suit la trajectoire hasardeuse de jeunes pilleurs de tombes sévissant en Toscane dans les années 80.


Parmi eux, Arthur, le protagoniste, dispose d’un don inné exceptionnel en tant que sourcier. Il ne déniche cependant pas de point d’eau, mais des sépultures, lorsqu’il entre en transe. Ce personnage atypique, porté par la performance pudique de Josh O’Connor, est déchiré entre son désir de vivre, de dévorer la vie, et son attirance irrésistible pour le monde souterrain ainsi que tous les dangers qu’il recèle. Esthète ravagé, Arthur crève l’écran grâce une mise en scène éclairant le pur dénuement et la pauvreté de la Toscane. En contraste, le monde des richissimes acheteurs d’art de contrebande pousse les jeunes pilleurs de tombes à toujours redoubler d’ingéniosité pour subsister. Poursuivis par la police, chahutés par le mépris des locaux, les amis d’Arthur vont toujours plus loin, jusqu’à ce que la découverte d’une tombe inestimable révèle les fêlures au sein du groupe.


La réalisatrice porte un regard affûté sur ses personnages et nous les offre à nus, dans la lumière crue qu’elle sait si bien manier. Tunnel kaléidoscopique, percées éblouissantes, le travail sur la lumière est omniprésent et témoigne d’une délicatesse émouvante. Cette maîtrise fascinante de la lumière se couple au mouvement des corps, toujours dynamiques, élancés, en train de courir ou de danser. La rage de vivre alterne sans cesse avec une mélancolie profonde qu’illustrent les nombreux plans quasiment documentaires d’oiseaux en vol. Le jeu avec le grain de la caméra donne un charme désuet et suranné au film, auquel s’ajoute le choix d’un format aux angles arrondis, à la façon des vieux appareils photographiques. Tout, jusqu’aux techniques de tournages, nous incite à plonger dans le passé, à toucher du doigt cette fréquence irrésistible et mystique qu’Arthur est le seul à percevoir.


Je ne peux donc que vous inciter à aller voir ce film et si possible de voter pour lui au festival ! La Chimère porte bien son nom, car aussi mystérieux qu’insondable, ce film est une véritable apparition à l’écran. Je vous laisse en juger en visionnant la bande-annonce !




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