Qui aurait pu penser qu'un film sur l'entretien des toilettes de Tokyo pourrait être nominé aux Oscars ? Quand on regard attentivement l'affiche et que l'on remarque que Wim Wenders y est crédité aux côtés de Koji Yakusho, ça semble tout de suite moins invraisemblable, il faut l'avouer !
Dans le vaste panorama du cinéma contemporain, peu d'œuvres captivent autant l'âme et l'imagination que Perfect Days de Wim Wenders. Le réalisateur des Ailes du Désir, Paris Texas, The Million Dollar hotel (article sur Herenui.fr) nous offre une fois encore une expérience cinématographique qui transcende les frontières de la réalité pour explorer les subtilités de l'âme humaine.
Affiche officielle du film
Dans ce film, Wenders nous entraîne dans un voyage poétique à travers les rues labyrinthiques de Tokyo, une ville qui devient à la fois le décor et le personnage principal de l'histoire. La caméra de Wenders semble flotter, observant avec une tendre curiosité les personnages et les lieux qui composent cet univers urbain. Chaque plan est méticuleusement composé, chaque image est chargée de symbolisme et de profondeur émotionnelle. À ce titre, film devait initialement s'intituler "komorebi", qui peut être traduit par "rayons de soleil à travers les feuilles". Un concept qui incarne l'esthétique entière du film.
Au cœur de Perfect Days se trouve la quête existentielle de deux âmes errantes, interprétée avec une sensibilité remarquable par un casting exceptionnel. Le personnage principal, Hirayama (Koji Yakusho), est un employé sanitaire vieillissant qui aime prendre des photos pendant son temps libre, s'occuper de ses plantes et lire. Une vie très tranquille pour un homme très calme. Pourtant, dans sa manière ascétique et stoïque de vivre, Hirayama fait de multiples petites rencontres et noue des liens profonds avec les autres et avec la nature. Wenders excelle à peindre ces personnages, en leur conférant une humanité palpable qui nous interroge encore bien après avoir quitté le cinéma.
Ce qui rend vraiment Perfect Days mémorables, c'est la manière dont Wenders capture l'essence même de l'expérience humaine. À travers ses images évocatrices et sa narration subtile, le réalisateur allemand nous invite à réfléchir sur la nature de la solitude, de la beauté et de la recherche de sens dans un monde en perpétuel changement. Chaque scène est imprégnée d'un profond sentiment de nostalgie, d'une sensation de perte, de vide, et d'un désir de connexion qui résonne universellement auprès du public. En dépit de l'aspect sisyphéen de son quotidien, Hirayama-sama ne semble pas éprouver les questions existentielles avec l'angoisse des grand philosophes de l'absurde. Bien au contraire. Il se fond dans la vague de l'existence avec une abnégation, une candeur et un émerveillement qui le rendent profondément attachant.
La bande originale enchanteresse de Perfect Days ajoute une dimension supplémentaire à l'expérience cinématographique. Les mélodies envoûtantes et les harmonies mélancoliques invitent le spectateur à plonger plus profondément dans l'univers onirique du film. Ceci dit, les notes capricieuses des chansons de Patti Smith ou Lou Reed qui surviennent ponctuellement tout au long du film maintiennent une excitation et un empressement vorace de croquer la vie à pleines dents.
Perfect Days est bien plus qu'un simple film ; c'est une méditation cinématographique sur la condition humaine. Grâce à la vision artistique magistrale de Wim Wenders, nous sommes transportés dans un monde où le temps semble suspendu, où chaque moment est chargé de sens et de beauté. C'est un film qui nous invite à savourer les moments simples de la vie, à embrasser la magie du présent.
Je suis très impressionnée par cette magnifique analyse et ce phrasé très fouillé. Bravo cela me donne l’envie de voir ce film.Merci Herenui