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Photo du rédacteurHerenui

Pionnières, artistes dans le Paris des années 20

Jusqu'au 10 juillet

J’ai eu le plaisir de découvrir la semaine dernière l’exposition “Pionnières, artistes dans le Paris des années 20” qui se tient actuellement au musée du jardin du Luxembourg. En bénéficiant d'ailleurs du tarif réduit qu’obtiennent les étudiants lors des nocturnes, j’ai pu librement parcourir l’exposition à moindre prix jusqu’à 22h. En pénétrant dans l’exposition, je ne m’attendais pas à faire les découvertes qui m’obsèdent depuis. Appâtée par le tableau de Tamara de Lempicka qui figurait sur la publicité, je m’étais rendue à l’exposition sans attente particulière. J’ignorais alors que j’allais remonter le temps jusqu’aux années folles pour rencontrer une ribambelles de femmes iconoclastes, visionnaires et passionnées dont j’ignorais tout à fait l’existence. Les coups de cœur se sont alors enchaînés à mesure que je traversais les salles et me mesurais à l’audace subversive de ces peintres dont je ne savais rien. En plus d’être une aventure esthétique variée et exubérante, cette exposition impose une certaine humilité aux féru.es d’art transgressif en exhibant à la lumière artificielle du musée des œuvres soulevant des questions sociales, raciales, de genre, d’identité féminine, masculine et de transidentité. Marginalisée durant des décennies, ces femmes trouvent leur apothéose en tant que peintres dans cette exposition.


Tamara de Lempicka



Personnellement, je dois confesser un coup de foudre pour le travail de Romaine Brooks dont l’autoportrait “Au bord de la mer” rayonne dans sa mélancolie sauvage. La maîtrise de Brooks concernant les teintes de gris et de bleu la rend capable de composer d’époustouflants portraits qui pourraient être ternes et jouissent pourtant d’une vitalité éclatante. Exposées face à elle dans la salle “Troisième sexe”, trônent les peintures de Gerda Wegener figurant son ex-mari ayant transitionné en femme. Lili Elbe (née Einar Wegener), muse de Gerda dont elle restera très proche jusqu’à la fin de sa vie, est la toute première femme transgenre à être parvenue à transitionner. Son histoire est contée dans le superbe film The Danish Girl dont je ne peux que vivement recommander le visionnage ! Et pour en finir avec mes coups de cœur, je ne peux pas éluder ce fascinant tableau d’Amrita Sher-Gil qui clôt l’exposition dans la salle “pionnières dans la diversité”. Intitulé “Autoportrait en Tahitienne”, la peinture en question se voudrait une réponse agressive à l’acculturation qu’a pratiquée Gauguin -entre autres sévices- sur les Tahitiennes qui l’ont rendu célèbre. Le plus troublant au demeurant, est cette inquiétante ombre d’homme qui se distingue avec peine derrière la jeune femme du tableau. Cette présence masculine en dit long sur l’emprise toxique du male gaze qui est ici pour une fois mis en minorité par le female gaze.

En conclusion, si vous souhaitez découvrir de nouvelles peintres innovantes et captivantes (car je n’ai, et de loin, pas pu toutes les mettre à l’honneur dans cet article), je vous enjoins fortement à vous rendre au musée du Luxembourg avant le 10 juillet !


Gerda Wegener, Portrait de Lili Elbe


Amrita Sher-Gil, Autoportrait en Tahitienne

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2 commentaires


Isabelle Tracqui
Isabelle Tracqui
08 juin 2022

Brillantissime…bravo

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Herenui
Herenui
08 juin 2022
En réponse à

Merci beaucoup !

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