Entre performance de drag king et tirage de carte, la scène queer parisienne s’est donné rendez-vous au bar À la folie, samedi 10 février, cinq jours avant la Saint-Valentin, pour célébrer l’amour à sa façon.
Vidéos El Jean-Louis, montage @her.enui
Une fête de l’amour protéiforme
Le bar À la folie porte si bien son nom en ces occasions de trance où le tout Paris queer se retrouve pour se défouler, à fortiori pour célébrer une soirée drag king intitulée Valentine Alternative organisée par le collectif @lavoisin_paris en collaboration avec @arteroticaparis !
La lumière miroitante des boules à facettes invite les danseur.euses à se précipiter sur la piste. Les corps vêtus de harnais, de résille et de latex se déchaînent sur les reverbs violentes de drum & bass. Sur la mezzanine qui surplombe la piste de danse, quelques artistes et artisan.es ont installé leurs étals pour former un micro-marché d'œuvres érotiques. Sur les tréteaux, bijoux de cuir cloutés, photographies et collages artistiques sont exposés pour le plaisir des fêtard.es. Le choix est vaste, passant de sacs faits main en latex à des séries de photographies et d’autoportraits explorant sans pudeur le kâmasûtra.
Un peu plus loin, une billetterie les invite à acheter des “doll-art” qu'ils pourront jeter plus tard sur la scène et dont les revenus seront reversés à parts égales aux drag kings. Au même comptoir, les curieux.ses peuvent également s’offrir une séance de tarot divinatoire spéciale Saint.e-Valentin.e. Un recoin, rendu aussi tranquille que possible —alors que la stéréo se déchaîne en-bas— a été aménagé à cet effet. En jetant un œil derrière une tenture, on avise une table sur laquelle des bougies, des cartes et un pendulum sont éparpillés en attendant la prochaine session.
Les drag king s’emparent de la scène
22h30 sonne et la piste de danse se vide pour faire place à l’un.e des invité.es phares de la soirée. @Nezarking descend la rampe du premier étage d’une démarche chaloupée rendue d’autant plus gracieuse par les talons de 20 ou 30 centimètres dont il est chaussé. Harnaché de cuir et le visage poudré de blanc, l’espèce de Pierrot de la Lune aux allures d’incube s’avance sous la lumière éclatante des projecteurs. Il annonce le programme de la soirée avant d’entamer les festivités sur un morceau de The Weeknd. Après une chorégraphie toute en contorsions sensuelles et gestes licencieux, il s'éclipse sous une pluie de “doll-art”.
Place au petit nouveau, @King Fu, qui se dresse fièrement en haut de la rampe. Sur Les filles désir, il entame une descente languide que les voiles diaphanes de son haut rendent superbe sous le feu du projecteur. Vêtu d’un pantalon portefeuille en soie orangée, le king qui a fait de la masculinité asiatique traditionnelle son cheval de bataille, exécute une danse délicate et élégante. Difficile de croire qu’il s’est lancé il y a à peine quatre mois !
Lae drag queer @Vicky Bikini lui emboîte le pas en investissant l’espace vêtue d’une petite tenue blanche tout en plumes de cabaret. Sur le ton qu’indique son look, iel enchaîne les lancés de jambe, les grands écarts et figures acrobatiques entre deux clins d'œil adressés au public médusé.
Comments