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Sarah Bernhardt... et la femme créa la star

Du 14 avril au 27 août 2023



Photo de Sarah Bernhardt en Hamlet

Souveraine de poses alanguies et regards sulfureux, à la fois reine maudite de l’Antiquité et bretteur shakespearien, on ne présente plus la coqueluche du tout-Paris : Sarah Bernhardt. La Divine, du nom que lui attribuèrent les critiques, se trouve à nouveau en tête d’affiche, cent ans après sa mort, pour le plus grand plaisir des théâtreux.ses. Mais cette fois-ci, elle ne se produit guère au Théâtre de la Porte-Saint-Martin ni au théâtre auquel elle donna son nom. Désormais, sa carrière posthume se déroule dans les musées, en l’occurrence celui du Petit Palais qui lui dédie une rétrospective généreusement fournie par diverses collections privées.


Photographie de Sarah Bernhardt à son domicile rue de Villiers

J’ai eu l’immense plaisir d’y photographier le col de plumes blanches qu’elle portait souvent et qui m’avait une forte impression ainsi que de nombreuses pièces de son luxueux mobilier. Passionnée d’exotisme et de cabinets de curiosités, elle se faisait accompagner où qu’elle aille de ses œuvres d’art et de sa petite ménagerie de lévriers et chiens de poméranie. Car l’artiste voyageait énormément et parfois de manière bien surprenante ! Il est bon de rappeler qu’elle fit une tournée triomphale aux États-Unis alors même qu’elle jouait en Français et que, non contente d’avoir exercé son remarquable talent sur les scènes américaines, elle fit ensuite une autre tournée à l’extrême opposé du globe, en Russie, pour le plus grand plaisir d’Anton Tchekhov. Le dramaturge écrivit à ce sujet dans le journal Le Spectateur : « celle qui a visité les deux pôles, qui de sa traîne a balayé de long en large les cinq continents, qui a traversé les océans, qui plus d'une fois s'est élevée jusqu'aux cieux ». Et en parlant de s’élever jusqu’aux cieux, l’impétueuse Sarah s’est également offert une excursion en montgolfière au-dessus de Paris.


Col et éventail en plume ayant appartenu à Sarah Bernhardt

Après une exposition aussi captivante, j’essaye tant bien que mal de vous en spolier le plaisir, mais la tentation est grande de s’attarder longuement sur le profil si atypique d’une femme qui se voulut, devint “dame galante”, apprit l’escrime, la sculpture, la peinture, eut de nombreuses conquêtes aussi bien masculines que féminines et se lia d’amitié avec les plus grands artistes de son temps. Pour n’en citer que quelque uns, apprenez que le Monstre Sacré (expression de Cocteau) comptait parmi ses amis Victor Hugo qui lui offrit un diamant, Oscar Wilde qui écrivit Salomé expressément pour elle, Alphonse Mucha qui réalisa la majorité des affiches pour ses spectacles, Edmond Rostand qui la fit jouer dans La Princesse lointaine et L’Aiglon,...


Photographie d'Edmond Rostand et Sarah Bernhardt jouant aux cartes


Affiche de Gismonda, drame de Victorien Sardou, par Alphonse Mucha, 1894


Parmi toutes ces figures emblématiques, j’en ai découvert une dont j’ignorais l’existence. Les peintures de Louise Abbéma, peintre que je connaissais que de nom, sont présentes dans l’exposition du Petit Palais. Aux côtés des splendeurs de Mucha également exposées et des somptueux costumes de scène de Sarah Bernhardt réunis pour l’occasion, les toiles de Louis Abbéma subjuguent le public. J’ai dévoré des yeux son Déjeuner dans la serre dans lequel elle se représente à droite derrière son amante. Car oui, Louise et Sarah vécurent une idylle inspiratrice qui leur fit concevoir chacune des œuvres remarquables comme le buste de Louise sculpté par la comédienne ou les nombreux portraits de cette dernière qu’exécuta Louise. Inséparables, elles vécurent toutes deux librement et conservèrent toujours une profonde relation amoureuse et amicale à côté des moultes aventures de Sarah.


Sarah Bernhardt et Louise Abbéma au bois de Boulogne, Louise Abbéma, 1883


Détails de Déjeuner dans la serre, Louise Abbéma, 1877


Buste de Louise Abbéma, Sarah Bernhardt, 1878


Je m’étalerais encore volontiers dans cet article sur la vie prodigieuse de l’Impératrice du Théâtre si je ne craignais de vous gâcher le plaisir de la visite. Le prix d’entrée s’élève à 15€ ou 13€ en cas de tarif réduit. Pourtant, je ne peux que vous enjoindre à vous y rendre car l’exposition est incroyablement bien montée, documentée et agencée, de telle sorte que l’on se sent porté.e tout le long de la visite par une avide curiosité intellectuelle et un perpétuel ravissement esthétique.


Affiche pour La Dame aux Camélias, drame de Dumas, par Alphonse Mucha, 1896

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