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Sensualité de la kazabaïka

Dernière mise à jour : 13 janv. 2022

Par esprit de contradiction, je tenais à commencer cette rubrique sur l’érotisme avec une pratique qui n’est pas forcément des plus communes, c’est-à-dire le masochisme. En effet, j’opère ce choix après avoir récemment fini de lire le grand classique La Venus à la fourrure (1870) de Leopold von Sacher Masoch (qui donna son nom à la pratique en question) et j’ai décidé d’entamer cette rubrique par le croisement de deux de mes milieux de prédilection, la littérature et l’érotisme. Et je peux d’ores et déjà annoncer un futur article sur le pendant de Masoch en la pratique, le marquis de Sade qui à l’inverse suscita le terme de sadisme. Sacher Masoch ayant lu les écrits de son illustre prédécesseur, il s’en est inspiré dans son récit par la reproduction du fameux contrat qui lie son personnage principal, Séverin, à la belle et sulfureuse Wanda. En effet, le contrat est un élément primordial dans le cadre de relations de pouvoirs et permet de fixer le consentement des personnages en présence en ce qui concerne des pratiques parfois extrêmes. En l’occurence, ce cher Séverin admet un certain penchant pour le fouet, lorsqu’il est manié par une belle femme habillée de fourrures. Wanda se prête au jeu et c’est sur la demande de son amant qu’elle accepte de le soumettre en tant qu’esclave. On observe donc un échange de pouvoir dont Séverin se délecte au point de confier à Wanda le droit de vie ou de mort sur lui. Le livre s’achève cependant à regret dans un moralisme trop théâtral qui vise à dédouaner l’auteur de son propre récit et doit permettre une sorte de rédemption de Séverin qui plus jamais ne se soumettra à une femme.

Ainsi, si le récit ne va pas au bout de sa démarche et n’assume pas son dévergondage (comme avait pu le faire Sade) par le biais d’une conclusion moralisante, il offre pour autant un témoignage des plus vifs du désir tourmenté d’un jeune aristocrate qui va se faire valet afin de complètement pénétrer son univers fantasmatique. De plus, dans ce jeu de rôle des plus cruels, Wanda se démarque et se dévoile comme un personnage féminin complexe aux témoignages amoureux paradoxaux. Le lecteur n’entre jamais dans la psychée de Wanda et elle demeure à la fin du livre une véritable énigme et le coeur véritable du récit. Qui sait ce qui se passe derrière ses beaux yeux verts ? On ne sait si le sadisme du personnage a été révélé par Séverin, si elle s’est perdue dans le fantasme en devenant une autre, ou si elle était soumise en amour au point d’accepter de soumettre et maltraiter son amant. Quoi qu’il en soit, la transparence totale de Séverin tranche avec le mystère entourant Wanda et livre au lecteur au travers de splendides fresques de cruauté, un drame humain captivant et un regard sur les premiers tâtonnements du masochisme.




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